Beecher Stowe Harriet
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Harriet Beecher Stowe – Hartford
Biographie de Harriet Beecher Stowe.
« Les larmes les plus amères que l’on verse sur les tombes viennent des mots que l’on n’a pas dits, des choses que l’on n’a pas faites ».
Harriet Beecher naît le 14 juin 1811 à Litchfield, dans l’État du Connecticut. Elle est la dernière née d’une famille qui compte sept enfants. Son père, Lyman Beecher, qui devient veuf de manière précoce, est pasteur de l’Église Congréganiste de la tradition de Jonathan Edwards. Il est d’ailleurs réputé à l’époque pour ses talents de prédicateur. C’est peut-être ce qui explique que les frères de la jeune fille suivront la même voie. Celle-ci est élève, puis professeur de littérature biblique au Hartford Female Seminary jusqu’en 1832, un établissement fondé par sa sœur aînée Catherine. L’année suivante et forte de ses premières expériences pédagogiques, Harriet Beecher publie un ouvrage de géographie à l’usage des enfants. La famille Beecher s’installe ensuite à Cincinnati, dans l’Ohio, où Lyman Beecher assure la présidence du Lane Theological Seminary.
En
1836, Harriet Beecher se marie avec Calvin Stowe, pasteur et professeur de
littérature biblique au sein de l’institution. Le couple aura sept enfants ;
quatre décéderont dans des circonstances tragiques. Marqué par le puritanisme
de la Nouvelle-Angleterre qui a fait son éducation, Harriet Beecher-Stowe mène
une existence austère, scandée par ces drames familiaux. Sa correspondance est
ainsi marquée de la monotonie de cette vie quotidienne. Dotée d’une solide
culture classique, celle-ci s’occupe à composer des récits publiés dans les
journaux locaux. Cette activité littéraire apporte en outre un appoint
financier substantiel aux revenus de son mari et améliore d’autant l’ordinaire
de la famille Stowe. En 1843, est ainsi publié en volume « The
Mayflower, or Sketches and Characters among the Descendants of the
Pilgrims ».
A
l’époque, Cincinnati, qui est située à proximité du Sud esclavagiste, est une
première étape importante pour les esclaves en fuite. La ville n’est séparée du
Kentucky, où perdure la traite, que par le fleuve Ohio. Cependant, avec le vote
du Compromis Clay par le Congrès, le 18 septembre 1850, une loi qui se destine
notamment à freiner le « marronnage », les habitants de la ville
doivent à présent dénoncer ou livrer les fugitifs aux autorités. Au sein même
de la communauté calviniste, on s’interroge sur leur sort. Certaines situations
sont autant de dilemmes moraux. Au delà, se pose la grande question : faut-il
abolir l’esclavage ? En 1850, Harriet Beecher-Stowe et son mari, nommé
professeur à Bowdoin College, s’installent à Brunswick, dans l’état du Maine.
Ce départ de Cincinnati ne les éloigne aucunement du problème de l’esclavage.
Car de leur nouvelle habitation où ils ont trouvé refuge, de nombreux esclaves
Noirs gagneront le Canada et la liberté.
Harriet
Beecher-Stowe prend d’ailleurs publiquement position en rédigeant « Uncle
Tom’ Cabin, or Life among the Lowly ».
Ce
texte est présenté au Dr Bailey, le directeur du National Era, une
feuille anti-esclavagiste de Washington. Celui-ci accepte de le publier dans
les colonnes de son journal et offre même 300 $ à son auteur. Livré en quarante
feuilletons à partir du mois de juin 1851, ce roman demeure confidentiel au
milieu du lectorat habituel de l’hebdomadaire. Il suscite cependant l’attention
de J. P. Jewett, un éditeur de Boston, qui en assure l’impression en deux
volumes, le 10 mars 1852. « La
Case de l’oncle Tom » connaît alors un
succès prodigieux. 3.000 ouvrages sont vendus le premier jour. Traduit
rapidement en une vingtaine de langues, il est édité à 305.000 exemplaires aux
États-Unis la première année, à plus de deux millions et demi au-delà. Si ce
triomphe commercial s’appuie sur l’esprit du temps, il permet néanmoins une
plus grande diffusion des thèses abolitionnistes, grâce aux « Tom
Shows » notamment. Ces spectacles de théâtre, où sont mis en scènes
des épisodes du roman Harriet Beecher-Stowe, jouent sur la sensibilité du
public en forçant le grotesque et la violence du récit. En Angleterre, des
éditions populaires à six pence proposent également le texte à la lecture d’un
public nombreux.
Dans son « Oncle
Tom », Harriet
Beecher-Stowe fait voler en éclat le mythe de la bonté de certains maîtres, les
planteurs, et de la condition appréciable de leurs esclaves. En 1853, alors que
l’on met en doute la vraisemblance de certaines scènes de son roman, elle donne « A
Key to Uncle Tom’s Cabin »,
une
série de documents sur l’esclavage qui justifie son discours. La même année, le
couple séjourne pour la première fois en Europe, grâce notamment aux énormes
droits d’auteur que touche Harriet Beecher-Stowe. A deux autres reprises, celle
qui est devenue une militante de l’anti-esclavagisme, admirée ou décriée,
reviendra sur le « vieux continent », en 1856 et 1859. En 1856, elle
donne une suite à son roman avec « Dred,
a Tale of the Great Dismal Swamp ».
Quelques
années plus tard, en 1862, Harriet Beecher-Stowe est reçue par Abraham Lincoln,
lecteur attentif de ses œuvres. A la Maison Blanche, le président des
États-Unis félicite alors l’écrivain, affirmant à l’assemblée qu’elle était « the
little lady who made this big war »
(autrement
dit : « Voici la petite femme qui a commencé une grande guerre »).
Élu au mois de novembre 1860, ce dernier mène en effet depuis deux années la
lutte meurtrière contre les États du Sud qui avaient fait sécession. Nord et
Sud s’opposent en particulier à propos de ce que l’on a baptisé « l’institution
spéciale », l’esclavage des Noirs. En 1862, le Nord
abolitionniste est en passe de mettre un terme à cette guerre civile qui
déchire la jeune nation. Le 31 janvier 1865, quelques mois avant la reddition
sudiste à Appomattox, est voté le treizième amendement à la Constitution qui
abolit l’esclavage sur l’ensemble du territoire américain.
A cette
époque, Harriet Beecher-Stowe est devenue une écrivain prolixe. Elle rédige un
ouvrage par an. En 1859, « The Mister’s Wooing »
et
« The
Pearl of Orr’s Island »,
publié
trois années plus tard, sont deux œuvres qui évoquent la Nouvelle-Angleterre. « Agnes
of Sorrerrto »
a pour cadre l’Italie. Dans les années qui
suivent, dominent toujours des romans : « Oldtown
Folks »
en 1869, « Fireside
Scories » en 1871, « Poganuc People » en
1878. La plupart de ces textes sont auparavant édité en feuilletons dans
quelques-uns des journaux de l’époque, comme The Atlantic Monthly, The
Christian Union ou The New York Independant. Enfin, un
essai intitulé « The
True Story of Lord Byron’s Life »
qui est
à l’origine d’un grand scandale. Harriet Beecher-Stowe entend dans ce texte
établir qu’il y avait eu inceste entre le poète, à qui elle voue une profonde
admiration, et sa sœur…