EAN : 9782070768196
252 pages
GALLIMARD (09/01/2003)
3.54/5 191 NOTES
Résumé :
On éprouve un sentiment curieux, presque un étonnement, une stupéfaction, à
débuter la lecture du dernier livre de Jean d'Ormesson en se demandant comment
diable il fait pour parler de lui à l'imparfait, temps du passé qui a duré et
qui est définitivement révolu.
Comment parvient-il à conserver cette distance souveraine face à la mort et au
passé? Rien qui pèse ou qui pose dans ce nouvel opus: le testament de Jean
d'Ormesson tient en 250 pages, les chapitres sont nombreux, courts et enlevés.
Mais miracle, tout est dit, tout se tient. Les souvenirs y sont délicatement
égrenés: l'enfance, bien sûr, le côté du père, de la mère, la société des
hommes, brutale et injuste, la lecture réconfortante des bons livres avec
Sénèque, Montaigne, Saint-Simon, Proust et puis les femmes, le grand reposoir.
Il va sans dire que les mémoires de Jean d'Ormesson sont pétries de
délicatesse, d'intelligence et de mesure. On l'imagine écrire comme un oiseau
qui prend son envol.
Léger, léger. Et devenir lui-même la matière de son livre. Sec et intelligent,
ce drôle de moineau ne porte pas son ego en bandoulière comme tant d'autres,
mais sous ses pieds ; comme un danseur qui prendrait appel pour mieux
s'élancer.
Jean d'Ormesson nous annonce qu'il nous quitte et nous prie de nous souvenir
d'apprendre enfin à vivre. Sa morale de vie pouvait tenir en trois mots :
c'était bien.
Denis Gombert