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GUERRE 1914-1918
lettres témoignent de l’enfer vécu par les Poilus
Ces lettres bouleversantes témoignent de l’enfer vécu par les Poilus durant l’abominable bataille de Verdun
La Première Guerre mondiale (1914-1918) fut une guerre totale qui mobilisa toutes les ressources du pays : économiques, matérielles et humaines. La bataille de Verdun, qui opposait les troupes françaises et allemandes, est l’une des plus longues et dévastatrices de la Grande Guerre. Pendant 300 jours, 1,1 million de soldats français, les Poilus, ont vécu l’enfer des tranchées. Les lettres des soldats nous font plonger avec émotion dans la dure réalité de cette longue bataille sans merci.
Le 21 février 2016 marque les 100 ans du triste anniversaire de la bataille de Verdun, donnant ainsi lieu à plusieurs commémorations émouvantes. Pour l’historien Guy Pedroncini, « Verdun est le symbole et le sommet de la Grande Guerre. C’est sans doute le seul nom qui survivra à l’oubli des siècles ».
Du 21 février 1916 au 18 décembre 1916, la commune française de Verdun a été le théâtre des batailles les plus inhumaines auxquelles l’homme se soit livré, 80 % des pertes humaines étant causées par l’artillerie.
Les chiffres sont massifs : pendant ces 10 mois, plus de 2,3 millions de soldats occupent les tranchées et s’affrontent sans répit, laissant derrière eux 300 000 morts. Dès le premier jour, 1 million d’obuss’écrasent sur le sol. S’ensuivront une cinquantaine de millions d’obus qui dévasteront des champs et des villages entiers. Les soldats découvrent l’enfer. Voici quelques-unes des touchantes lettres qui ont été rédigées au coeur de l’horreur.
Charles Guinant, 18 mars 1916, Verdun :
« Ma chérie,
Je t’écris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. S’il te plaît, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut m’a coûté mon pied gauche et ma
blessure s’est infectée. Les médecins disent qu’il ne me reste que quelques jours à vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-être déjà mort. Je vais te raconter comment j’ai été blessé.
Il y a trois jours, nos généraux nous ont ordonné d’attaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile.
Au début, nous étions vingt mille. Après avoir passé les barbelés, nous n’étions plus que quinze mille environ. C’est à ce moment-là que je fus touché. Un obus tomba pas très loin de moi et un morceau m’arracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me réveillai qu’un jour plus tard, dans une tente d’infirmerie. Plus tard, j’appris que parmi les vingt mille soldats qui étaient partis à l’assaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grâce à un repli demandé par le Général Pétain.
Dans ta dernière lettre, tu m’as dit que tu étais enceinte depuis ma permission d’il y a deux mois. Quand notre enfant naîtra, tu lui diras que son père est
mort en héros pour la France. Et surtout, fais en sorte à ce qu’il n’aille jamais dans l’armée pour qu’il ne meure pas bêtement comme moi.
Je t’aime, j’espère qu’on se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu m’as fait passer, je t’aimerai toujours. Adieu
Hier, vers 19h, on a reçu l’ordre de lancer une offensive sur la tranchée ennemie à un peu plus d’un kilomètre. Pour arriver là-bas, c’est le parcours du combattant, il faut éviter les obus, les balles allemandes et les barbelés. Lorsqu’on avance, il n’y a plus de peur, plus d’amour, plus de sens, plus rien. On doit courir, tirer et avancer. Les cadavres tombent, criant de douleur. C’est tellement difficile de penser à tout que l’on peut laisser passer quelque chose, c’est ce qui m’est arrivé. A cent mètres environ de la tranchée Boche, un obus éclata à une dizaine de mètres de moi et un éclat vint s’ancrer dans ma cuisse gauche, je poussai un grand cri de douleur et tombai sur le sol. Plus tard, les médecins et infirmiers vinrent me chercher pour m’emmener à l’hôpital, aménagé dans une ancienne église bombardée. L’hôpital est surchargé, il y a vingt blessés pour un médecin. On m’a allongé sur un lit, et depuis j’attends les soins.
Embrasse tendrement les gosses et je t’embrasse.
René Pigeard, datée du 27 août 1916, mais probablement écrite le 27 avril* :
« Cher papa,
Dans la lettre que j’ai écrite à maman, je lui disais tout notre bonheur à nous retrouver « nous-mêmes » après s’être vus, si peu de chose… à la merci d’un
morceau de métal !… Pense donc que se retrouver ainsi à la vie c’est presque de la folie : être des heures sans entendre un sifflement d’obus au-dessus de sa tête… Pouvoir s’étendre tout son long, sur de la paille
même… Avoir de l’eau propre à boire après s’être vus, comme des fauves, une dizaine autour d’un trou d’obus à nous disputer un quart d’eau croupie, vaseuse et sale, pouvoir manger quelque chose de chaud à sa
suffisance, quelque chose où il n’y a pas de terre dedans, quand encore nous avions quelque chose à manger…
Pouvoir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir
dire bonjour à ceux qui restent… Comprends-tu, tout ce bonheur d’un coup, c’est trop. J’ai été une journée complètement abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, alors comprends aussi cette impression
d’avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un arbre vivant, pas un arbre qui ait encore trois branches, et le matin suivant après deux ou trois heures de repos tout enfiévré voir soudain une rangée de
marronniers tout verts, pleins de vie, pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu de voir quelque chose qui détruit !
Pense que de chaque côté des lignes, sur
une largeur de un kilomètre, il ne reste pas un brin de verdure ; mais une terre grise de poudre, sans cesse retournée par les obus : des blocs de pierre cassés, émiettés, des troncs déchiquetés, des débris de
maçonnerie qui laissent supposer qu’il y a eu là une construction, qu’il y a eu des « hommes »… Je croyais avoir tout vu à Neuville. Eh bien non, c’était une illusion. Là-bas, c’était encore de la guerre : on entendait
des coups de fusil, des mitrailleuses, mais ici rien que des obus, des obus, rien que cela. Fuis des tranchées que l’on se bouleverse mutuellement, des lambeaux de chair qui volent en l’air, du sang qui éclabousse…
Tu vas croire que j’exagère, non. C’est encore en dessous de la vérité. On se demande comment il se peut que l’on laisse se produire de pareilles choses. Je ne devrais peut-être pas décrire ces atrocités, mais il faut
qu’on sache, on ignore la vérité trop brutale. Et dire qu’il y a vingt siècles que Jésus-Christ prêchait sur la bonté des hommes ! Qu’il y a des gens qui implorent la bonté divine ! Mais qu’ils se rendent compte de sa
puissance et qu’ils la comparent à la puissance d’un 380 boche ou d’un 270 français 1… Pauvres que nous sommes ! P.P.N.
Nous tenons cependant, c’est admirable.
Mais ce qui dépasse l’imagination, c’est que les Boches attaquent encore. Il faut avouer que jamais on aura vu une pareille obstination dans le sacrifice inutile : quand par hasard ils gagnent un bout de terrain ils savent
ce que ça leur coûte et encore ne le conservent-ils pas souvent.
J’espère aller bientôt vous revoir et on boira encore un beau coup de pinard à la santé de ton poilu qui
t’embrasse bien fort. »
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http://vlecalvez.free.fr/Pigard_rene/Pigeard_rene.html
*En effet, ce courrier fut certainement écrit le 27 avril 1916 au moment où la compagnie de René Pigeard retrouvait l’arrière après plusieurs jours de terribles bombardements près des retranchements R1, R2 (fort de Vaux, près de Verdun). Le 27 avril, la 10e Compagnie se trouve probablement à Belleray au sud de Verdun.
Eugène Bouin, mai 1916, Verdun :
« Ma chère femme,
Tu ne peux pas imaginer le paysage qui nous environne, plus aucune végétation, ni même une ruine ; ici et là, un moignon de tronc d’arbre se dresse tragiquement sur le sol criblé par des milliers et des milliers de trous d’obus qui se touchent. Plus de tranchées ni de boyaux pour se repérer […]. Entre nous et les Allemands, pas de réseaux de barbelés, tout est pulvérisé au fur et à mesure de la canonnade. Mais plus active que le bombardement, pire que le manque de ravitaillement, c’est l’odeur qui traîne, lourde et pestilentielle, qui te serre les tripes, te soulève le cœur, t’empêche de manger et même de boire. Nous vivons sur un immense charnier où seuls d’immondes mouches gorgées de sang et de gros rats luisants de graisse ont l’air de se complaire : tout est empuanti par les cadavres en décomposition, les déchets humains de toutes sortes, les poussières des explosifs et les nappes de gaz. »
Pierre, 22 septembre 1916, Verdun :
« Ma chère Édith,
La vie ici est très dure. Dans les tranchées, l’odeur de la mort règne. Les rats nous envahissent, les parasites nous rongent la peau ; nous vivons dans la boue, elle nous envahit, nous ralentit et arrache nos grolles. Le froid se rajoute à ces supplices. Ce vent glacial qui nous gèle les os, il nous poursuit chaque jour. La nuit, il nous est impossible de dormir. Être prêt, à chaque instant, prêt à attaquer, prêt à tuer. Tuer, ceci est le maître-mot de notre histoire. Ils nous répètent qu’il faut tuer pour survivre, je dirais plutôt vivre pour tuer. C’est comme cela que je vis chaque minute de cet enfer. Sans hygiène. Sans repos. Sans joie. Sans vie.
Cela n’est rien comparé au trou morbide où ils nous envoient. Sur le champ de bataille, on ne trouve que des cadavres, des pauvres soldats pourrissant sur la terre imprégnée de sang. Les obus, les mines, détruisent tout sur leur passage. Arbres, maisons, et le peu de végétation qu’il reste. Tout est en ruine. L’odeur des charniers, le bruit des canons, les cris des soldats… L’atmosphère qui règne sur ce champ de carnage terroriserait un gosse pour toute sa vie. Elle nous terrorise déjà.
Lundi, je suis monté au front. Ils m’ont touché à la jambe. Je t’écris cette lettre alors que je devrais être aux côtés des autres, à me battre pour ma patrie. Notre patrie, elle ne nous aide pas vraiment. Ils nous envoient massacrer des hommes, alors qu’eux, ils restent assis dans leurs bureaux ; mais en réalité, je suis sur qu’ils sont morts de peur.
Ah ! Ce que j’aimerais recevoir une lettre. Cette lettre, celle qu’on attend tous, pouvoir revenir en perme. Ce que j’aimerais te revoir, ma chère épouse ! Retrouver un peu de confort, passer du temps avec notre petit garçon… Est-ce que tout le monde va bien ? Ne pensez pas à toutes ces horreurs. Je ne veux pas que vous subissiez cela par ma faute. Prends bien soin de toi, de notre fils, et de mes parents. Et, même si je ne reviens pas, je veillerai toujours sur toi. Je pense à vous tous les jours, et la seule force qui me permet encore de survivre, c’est de savoir que j’ai une famille qui m’attend, à la maison.
J’espère être à vos côtés très prochainement, à bientôt ma belle Édith, je t’aime.
Pierre, 26 novembre 1916, Verdun :
« Ma bien-aimée,
Je n’ai pas eu beaucoup d’occasion pour vous écrire depuis mon retour sur le front mais si je vous écris en ce jour c’est pour vous expliquer la dureté et la violence de cette guerre. La bataille de Verdun est la pire que j’ai connue, non seulement physiquement car nous sommes restés huit jours sans dormir mais aussi mentalement : la puanteur des cadavres est devenue insupportable et je ne souhaite à personne de voir ce que j’ai pu voir ; nos amis, nos pères, nos frères, ils sont morts sous nos yeux et il n’y a pas de mot pour décrire cela. Les maisons, les écoles, les églises, il ne reste plus rien, tout a été ravagé, saccagé par les marmites, les arbres aussi sont maintenant inexistants. Il n’y a en fait plus aucune vie à cet endroit car tuer des êtres humains ce n’est pas une vie…
S’ajoutent à cela, la boue, le froid, la pluie et malheureusement nos compagnons allongés sur le sol… Il devient impossible de marcher dans notre nouvelle et peut-être dernière « demeure »… Il faut lutter pour survivre, prier pour que les rats ne mangent pas le peu de pain que l’on peut avoir, que les poux n’envahissent pas notre corps ou encore que la boue ne s’incruste pas dans le petit bol de soupe que l’on a. Le plus dur à supporter je pense est le froid ; le manque de chaleur est irremplaçable, les couvertures que l’on peut nous donner sont grignotées par les rats. L’hygiène est aussi déplorable, si vous saviez ce que je donnerais pour prendre une douche ! Il faut aussi que l’on porte des masques à gaz, j’ai entendu dire que les civils aussi en portaient ? Cela est préférable, nous lançons désormais du gaz sur l’ennemi, plus efficace d’après là-haut…
Je dois vous avouer que je n’ai plus beaucoup d’espoir en ce qui concerne la liberté, je n’ai même plus du tout d’espoir. Je souffre… Comment vais-je survivre ? Je n’y arriverai pas. Votre présence me manque énormément. Mon sang coule encore et encore… Pourquoi en suis-je arrivé là ? Embrassez bien mes parents pour moi et les vôtres aussi, dites-leur bien que je suis sincèrement désolé de ne pas être revenu. Embrassez aussi ma petite Juliette et dites à Jean que son père était un héros. Et vous, ma douce, je suis malheureux de vous faire mes adieux sur un bout de papier, restez forte, ne m’oubliez pas. Votre amour qui pense à vous et qui vous aime de tout son cœur.
Ces témoignages sont bouleversants… Particulièrement quand on sait que cette bataille n’a abouti à rien de véritablement concluant pour les deux partis : aucun territoire n’a été conquis. Pourtant, la bataille de Verdun, et plus largement la Première Guerre mondiale, a causé des dégâts d’une ampleur accablante, à la fois humains et matériels. Elle a laissé derrière elle d’importants traumatismes qui ont hanté la génération de 14-18.
L'ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918 A RETHONDES EN FORET DE
COMPIEGNES
L’armistice de 1918, signé le 11 novembre 1918 à 5 h 15 marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés et la défaite totale de l'Allemagne, mais il ne s'agit pas d'une capitulation au sens propre.
Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l'ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d'une guerre qui a fait plus de 8 millions de morts, d'invalides et de mutilés.
Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d'État-Major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.
Plus tard, en 1919, à Versailles, sera signé le traité de Versailles.
La voiture 2419D de la Compagnie des wagons lits puisque les voitures transportent les personnes et les wagons les marchandises mais la tradition veut que l'on dise le"Wagon de l' Armistice" .
Elle est réquisitionnée par l' armée en septembre 1918. Le 11 novembre y est signé l' Armistice.
En 1921 elle est exposée aux invalides durant 6 années puis en 1927 elle est installée dans un abri payé par Mr A.H. Fleming dans la clairière de l' Armistice.
En juin 1940 elle est emmenée à Berlin pour y être exposée puis disparait.
En 1992 la preuve est faite qu'elle a été détruite en 1945 en THURINGE dans le camp de prisonniers d' OHRDRUF.
Ses vestiges sont visibles dans la salle 1940 du musée de l' Armistice et c'est la voiture 2439D qui faisait partie de la même série réaménagée à l' identique et meublée avec le mobilier d' origine y est installée le 16 septembre1950.
LES ALLIES
Maréchal FOCH
Amiral WEMYSS
Général WEYGAN
Amiral HOPE
Cne de vaisseau MARRIOT
Commandant RIEDINGER
Capitaine de MIERY
Interprètes:
Commandant BAGOT
Lieutenant LAPERCHE
LES ALLEMANDS
Sec. d' état ERZBERGER
Gal VON WINTERFELD
Comte OBERNDORFF
Cne de vaisseau WANSELOW
Capitaine GEYER
Capitaine VON HELLDORFF
CLAUSES DE L'ARMISTICE
La convention d' Armistice comporte 18 articles dont les principaux sont :
n°1 :
L' Armistice entre en vigueur 6 heures aprés sa signature.
n°2 :
Dans les 14 jours, évacuation de la Belgique, la France et l' Alsace Lorraine.
n°3 :
Abandon de beaucoup de matériels militaire lourds : Canons,avions,etc.
n°4 :
Occupation des villes de Mayence, Coblence et Cologne par les alliés.
n°7 :
Abandon de matériel ferroviaire (5000 locomotives et des wagons) etc.
n°13 :
Retour de tous les prisonniers de guerre sans aucune réciprocité;
n°18 :
L' Armistice est effectif pour une durée de 30 jours.
BILANS DU NOMBRE DE MORTS
France: 1 391 00 morts (1 habitant sur 25)
Grande-Bretagne: 870 000 morts (1 habitant sur 57)
Allemagne: 1 950 000 morts (1habitant sur 30)
BILANS MONDIAL DES MORTS
10 millions de morts.
19 millions de blessés.
10 millions de mutilés.
9 millions d'orphelins.
4 tués / minute.
240 tués / heure.
6400 tués / jour.
Pour finaliser l' Armistice de 1918, le 28 juin 1919 fut signé le traité de Versailles qui fixait les dédommagements dus par l' Allemagne vis à vis des alliés ainsi que de nouvelles frontières en Europe.
En voici quelques éléments sur les 231 articles qu'il comporte.
- L' Allemagne est considérée comme seule responsable de la guerre.
- Elle perd 1/7 ème de son territoire.
- Elle renonce à ses colonies en Afrique.
- Elle n'a pas le droit d' entretenir des forces armées.
- Elle doit rembourser des sommes colossales aux alliés.
NECROPOLE NOTRE DAME DE LORETTE
La nécropole
nationale de Notre-Dame-de-Lorette est un cimetière militaire et mémorial français situé sur la colline éponyme, à 165 mètres d’altitude, sur le territoire de la commune d'Ablain-Saint-Nazaire près d'Arras (Pas-de-
Calais).
Inaugurée en 1925, elle commémore les milliers de combattants morts sur un des champs de bataille les plus disputés de la
Première Guerre mondiale entre octobre 1914 et septembre 1915. Environ 45 000 combattants y reposent, dont la moitié dans des tombes individuelles. La superficie totale du site comprenant le cimetière, la
basilique, la tour-lanterne et le musée, fait plus de 25 hectares. C'est la plus grande nécropole militaire française.
À
l'occasion du centenaire de la Grande Guerre, le 11 novembre 2014, un mémorial comportant les noms de 600 000 soldats sera construit sur les bords de la colline de Notre-Dame-de-Lorette.
La colline de Notre-Dame-de-Lorette doit son nom à l'oratoire édifié au XVIIIe siècle par le peintre Florent Guilbert à son retour de pèlerinage à la Santa-Casa de la
Vierge à Lorette en Italie. L'oratoire est détruit pendant la Révolution et est remplacée par une chapelle détruite elle aussi lors des bombardements de la colline en 1914 et 1915
D'octobre
1914 à octobre 1915, la colline de Lorette, située sur le territoire d'Ablain-Saint-Nazaire, est l'objet de luttes farouches entre l'armée française et l'armée allemande. Cette position dominante, qui ne s'élève qu'à 165 m
au-dessus du niveau de la mer, offre un observatoire exceptionnel sur le bassin minier au nord, et la plaine d'Arras au sud. En une année, 188 000 soldats, dont 100 000 français,
sont morts pour défendre ou prendre « l'éperon de Notre-Dame-de-Lorette »
GUERRE 14-18 volet 35 LOUIS ARAGON
Louis Aragon n'a que 16 ans quand éclate la guerre. Il est mobilisé en 1917 et est incorporé en
tant que médecin-auxiliaire au 355e régiment d'infanterie en 1918. Il se trouve alors près de Soissons où il est enterré vivant à trois reprises[réf. nécessaire], puis il suit la contre-offensive alliée sur le Chemin des
Dames en septembre 1918. C'est là qu'il commence son premier roman Anicet. Il évoquera cette expérience du front à travers la fiction comme dans le roman
Aurélien
Je me souviendrai toujours... C'était au Chemin des Dames... Le docteur, je ne le connaissais pas, il venait d'arriver au
bataillon... J'étais sergent alors... J'avais une section... C'était un peu à l'ouest de Sancy... on tenait la ligne du chemin de fer... on avait avancé après un pilonnage, mazette, un pilonnage ! Devant nous, tout était
bouleversé. Plus de tranchées, des trous d'obus, des entonnoirs... On avait avancé comme on avait pu... sur la pente, et un peu où ça faisait plateau... et reculé par-ci par-là..., on ne savait plus où on en était... Je
vous ennuie? — Mais non, — dit Bérénice, — au contraire... — Il y avait du Boche en avant, de côté, en arrière... L'artillerie tapait dans le tas... On voyait dans ce qui avait été du barbelé un particulier qui n'avait pas
pu se tirer des pieds... Personne ne songeait à aller le repêcher, je vous jure... Enfin, une chienne n'y aurait plus reconnu ses petits... Là où était ma section, ça avait encore forme humaine... parce qu'on tenait un
boyau où on s'était battu... et qu'on avait cloisonné avec des sacs de sable... Seulement il y avait deux Fridolins blessés qui s'avançaient quand on avait entassé les sacs... Alors ils étaient tombés le bec en avant, les
pieds chez eux, la tête chez nous. Et feuilletés dans les sacs... des vrais sandwiches... Pas mèche de les dégager, vous saisissez : on avait aussi peur d'un côté que de l'autre... et puis recommencer le bousin pour
deux bonhommes... Seulement le soir tombait, et ils ne se décidaient pas à clamser... Ils gueulaient encore... Ça devait leur faire mal quelque part... Une guibolle... Enfin, quoi! Ils gueulaient... Dans le secteur on ne
bougeait plus... chacun le doigt sur la gâchette, terrés... Alors, quand ils se remettaient à gueuler, les mitrailleurs à tout hasard envoyaient une volée... Tac tac tac tac tac... et ça ricochait... tac tac... On ne savait plus
où se mettre... D'autres répondaient... Ni les Boches ni nous ne savions sur qui on tirait... Avec la nuit ça devenait intenable...
Dans tous les pays, les femmes deviennent un indispensable soutien à l’effort de guerre. En France, le 7 août 1914, elles sont appelées à
travailler par le chef du gouvernement Viviani. Dans les villes, celles qui fabriquent des armes dans les usines (comme les usines Schneider au Creusot) sont surnommées les « munitionnettes ». Les femmes auront
fabriqué en quatre ans 300 millions d’obus et plus de 6 milliards de cartouches.
Désormais, les femmes distribuent aussi le courrier, s’occupent de tâches administratives et conduisent les véhicules de transport. Une
allocation aux femmes de mobilisés est prévue. À titre d'exemple dans le Pas-de-Calais, une allocation principale de 1,25 fr (portée à 1,50 fr le 4 août 1917), avec une majoration de 0,50 fr en 1914 (portée à 1 fr le 4
août 1917), est versée aux femmes d'appelés. Selon l'archiviste départemental, 171 253 demandes avaient été examinées par les commissions cantonales au 31 juillet 1918, pour plus de 115 000 bénéficiaires
retenus, soit une dépense mensuelle de 6 millions de francs environ du 2 août 1914 au 21 juillet 1918. Les Œuvres de guerre et divers mouvements de solidarités complètent le
dispositif.
Dans les campagnes, les femmes s’attellent aux travaux agricoles. Beaucoup de jeunes femmes s’engagent comme infirmières dans les hôpitaux qui
accueillent chaque jour des milliers de blessés. Elles assistent les médecins qui opèrent sur le champ de bataille. Certaines sont marraines de guerre : elles écrivent des lettres d’encouragement et envoient des colis
aux soldats, qu’elles rencontrent parfois lors de leurs permissions.
Avec la Première Guerre mondiale, les femmes ont fait les premiers pas sur le chemin de l’émancipation. Mais pour beaucoup, l’après-guerre a
constitué un retour à la normale et aux valeurs traditionnelles. En 1921, les femmes au travail en France n’étaient pas plus nombreuses qu’avant 1914. Certaines ont toutefois
atteint un niveau de responsabilité inédit. Environ 700 000 veuves de guerre deviennent d’ailleurs des chefs de famille. Dans certains pays, comme l’Allemagne et les États-Unis, le droit de vote est accordé aux
femmes dès 1919. La France attendra 1945 pour enfin permettre aux femmes de devenir des citoyennes.
Patrick, petit-neveu de Julien : «J’ai retrouvé ce poignard chez ma grand-tante qui habitait à 15 kilomètres
de Verdun. Cet objet terrible, qui m’impressionne énormément, est un poignard de nettoyeur de tranchées. Derrière les soldats qui partaient à l’assaut, se trouvait en effet une troupe spécialisée composée d’une
dizaine de soldats, souvent des “têtes brûlées”, chargés de “nettoyer les tranchées”, c’est-à-dire de tuer les ennemis dans leurs propres tranchées. Pour cette sale besogne, on leur donnait ce genre d’armes, des
baïonnettes raccourcies ou encore des pelles aux bords aiguisés. Je ne crois pas que mon grand-oncle Julien faisait partie de ces nettoyeurs de tranchées car c’était un homme
très doux, très silencieux. Il ne parlait jamais de la guerre car il avait vu des choses abominables dont cet objet est la preuve.»
En langage militaire, le front est d’abord le premier rang d’une unité, et «faire front» consiste pour celle-ci, alors qu’elle est de flanc, à se tourner
vers l’ennemi de face. Lors de la Grande Guerre, l’expression est appliquée à tout effort farouche de résistance à l’adversaire déployé justement sur le front, qui nomme aussi désormais l’espace occupé en première
ligne par la troupe. Cet espace, à partir de la fin 1914, prend beaucoup de place. Creusé de tranchées, il va de la Suisse à la Manche, et symbolise un lieu où se mêlent extrême souffrance et héroïsme. Après guerre,
«faire front» ne s’entendra pas seulement sur le plan militaire et s’appliquera à toute action de lutte contre une situation d’adversité. Une variante un peu moins martiale aura aussi cours: «monter au front»…
La Première Guerre mondiale, vue par les Limousins et les Auvergnats. Une histoire racontée du front et de l’arrière
.
Pour une Grande Guerre, ce fut une grande guerre! Grande par la mobilisation des hommes, 122 millions au total dont près de 8 millions de
Français. Grande par son emprise sur le monde entier comme aucune autre avant. Grande par ce qu’elle a imprimé dans la société,
française notamment, à la charnière de siècles qui ont vu le basculement dans l’ère moderne. Grande, enfin, par le vide, la béance douloureuse qu’elle aura laissé dans l’histoire des familles. En Auvergne comme en
Limousin, la Der des Ders ne s’est pas achevée à la 11e heure, du 11e jour, du 11e mois de l’année 1918. Ni avec la disparition, en Haute-Loire, de l’avant-dernier Poilu survivant, Louis de Cazenave. Elle a vécu
longtemps, dans les voiles noirs de jeunes veuves, les jeux tristes des Pupilles de la Nation. Elle a vécu encore pendant la Seconde Guerre Mondiale avec les souvenirs à vif du pays perdu de l’Alsace-Lorraine et d’un
Pétain, vainqueur de Verdun. Elle vit encore aujourd’hui, sur les places des villages et dans les mémoires collectives et familiales.
Limogé... sauf à Limoges
Parce que de Clermont-Ferrand à Limoges, des villes
aux plus petits hameaux des deux régions, c’est le quotidien de tous qui a été bouleversé. En Haute-Vienne, on a dû accueillir par milliers des réfugiés du nord de la France et de
Belgique. Dans le Cantal, ce sont des prisonniers danois qui ont pactisé avec la population bien avant l’Armistice. Partout, aux champs mais aussi dans les usines, comme à Tulle, les femmes ont retroussé les
manches pour remplacer les hommes mobilisés. Clermont-Ferrand, grâce à Michelin, est devenu capitale des débuts de l’aviation militaire, tandis que dans son atelier aubussonnais, François Denhaut inventait
l’hydravion à coque.
Quelques semaines après la signature de l’ordre de mobilisation par le Creusois René Viviani, chef du gouvernement, le Vichyssois Albert Londres
signait, à Reims, le premier reportage de guerre. Et puis il y eut des Russes à La Courtine et des Américains à Aubière. Le maréchal Joffre a « limogé » à peu près partout sauf à Limoges tandis que le Puydômois
Alexandre Varenne, futur fondateur de La Montagne, remplissait à contrecœur son rôle de censeur officiel. Des peintres de talent, comme ceux de l’école de Murols, ont mis de la couleur dans le gris des tranchées
immortalisées par les premiers photographes de guerre…
Autant de faits historiques et d’aventures humaines que, pour célébrer le centenaire de la
Grande Guerre .
Sophie Leclanché
GUERRE DE 14-18 volet 25 LES TAXIS DE LA MARNE
GUERRE DE 14-18 volet 25 LES TAXIS DE LA MARNE
Les taxis de la Marne désignent les taxis parisiens ayant été réquisitionnés par l'armée française lors de la première bataille de la
Marne, les 6 et 7 septembre 1914, pour transporter les hommes d'une brigade d'infanterie envoyés en renfort de Paris sur le champ de bataille.
Aux premiers jours de septembre 1914, les troupes
allemandes parviennent au nord-est de Paris, notamment dans le département de Seine-et-Marne. Les Allemands ont bivouaqué le 3 au Plessis-Belleville et des détachements d'uhlans allemands sont signalés à
quelques dizaines de kilomètres de Paris seulement, d'après un rapport d'un détachement de cavalerie qui appartenaient à la garnison de Paris et qui était en reconnaissance avancée près de Luzarches ; il envoya par
pigeon le message suivant « Apercevons peloton de uhlans allemands en reconnaissance » .
L'état-major français doit trouver une solution rapide pour envoyer des troupes fraîches, afin de réaliser un mouvement tournant pour
contenir et détruire les avant-gardes des troupes allemandes. Il commence par réquisitionner les trains mais les réseaux ferroviaires autour de Paris sont désorganisés. L'idée de la réquisition des taxis-autos revient
conjointement au général Galliéni, gouverneur militaire de Paris, au général Clergerie et à André Walewski, fondateur de la Compagnie française des automobiles de place (aussi appelée « Autoplaces » ou « G7 »).
Galliéni dispose alors d'une réserve permanente de 150 taxis-autos disponibles nuit et jour, cette réserve pouvant être triplée en 12 heures.
Les 6 et 7 septembre 1914, sur ordre du général Galliéni, environ 600 taxis parisiens mais aussi quelques cars pouvant transporter 20
à 30 soldats sont réquisitionnés pour servir de moyen de transport aux fantassins de la 7e division d'infanterie. Les véhicules sont en majorité des Renault AG1 Landaulet roulant à une vitesse moyenne de 25 km/h. La
capitale dispose alors de 10 000 taxis mais 7 000 chauffeurs sont mobilisés pour la guerre : Galliéni en a besoin de 1 200 pour transporter 6 000 soldats, chaque taxi pouvant embarquer cinq hommes avec leur
paquetage, quatre à l'arrière (banquette pour deux et deux strapontins), un à côté du chauffeur.
Rassemblés aux Invalides, ces 600 véhicules partent au cours de la nuit en deux groupes (le
premier, de 350 véhicules, part à 22 h et un autre de 250, à 23 h), direction Tremblay-lès-Gonesse (aujourd'hui Tremblay-en-France) puis Le Mesnil-Amelot. Dans la journée du 7, pour des questions de logistique, ce
convoi redescend sur Sevran-Livry tandis qu'un second convoi de 700 véhicules quitte les Invalides pour rejoindre Gagny.
Les taxis sont rassemblés à Gagny et Livry-Gargan pour charger les troupes et organiser les convois. Les deux convois partent dans
la nuit du 7 au 8 et sont à pied d'œuvre le 8 au matin aux portes de Nanteuil-le-Haudouin et de Silly-le-Long. Après avoir déposé les soldats, les chauffeurs de taxi rentrent à Paris et sont payés d'après les indications
portées au compteur, comme pour n'importe quelle course.
Le dernier taxi de la Marne, Kléber Berrier, disparait en 1985. ........
Requisition des Taxis de la Marne
Publié le lundi, juillet 1 2019 par maha